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161. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

Donnez-leur tout l’argent dont ils auront besoin et même l’argent du jeu, comme cela se faisait chez le surintendant Fouquet pour les courtisanes de Louis XIV, mais à une condition : que cet argent que donne le public à ses comédiens ordinaires soit loyalement dépensé. […] Tout ceci, la douleur ou le rire, la joie ou les larmes, l’exclamation ou l’abattement, appartient à la vie ordinaire, à l’existence de chaque jour, et s’il était nécessaire qu’en effet, le comédien éprouvât, l’une après l’autre ou tout à la fois, ces émotions courantes de l’existence journalière, il aurait le droit de vous dire aujourd’hui : — Ma foi, je suis gai, content, je me porte à merveille, et je n’irai pas représenter la colère d’Achille ou la douleur d’Agamemnon pour vous divertir ! […] — L’été venu, quand toute chose est en fleurs, il dresse son théâtre imaginaire derrière la charmille ; il fait représenter à son bénéfice, Le Dépit amoureux, cette élégante idylle de l’amour naïf et coquet ; La Critique de l’École des femmes, ce plaidoyer de Molière pour Molière, plaidoyer digne de l’avocat, à la fois, et de la cause qu’il plaidait ; Les Précieuses Ridicules, cet adorable commencement de la comédie ; Le Mariage forcé. — Enfin, quand vient l’automne, à l’anniversaire de l’art dramatique dans le monde, Duparay se demande à lui-même Le Cocu imaginaire, adorablement joué par les comédiens ordinaires de cette imagination puissante ! […] Laissez-les faire, les uns et les autres, ils vous feront une confession générale de leur vie, sans oublier une seule de ces hontes secrètes que d’ordinaire la conscience se dissimule à elle-même.

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