N’est-ce pas une chose admirable, eu effet, que de vouloir forcer un amoureux attendant sa maîtresse, à donner son opinion sur les chances du pique ou du carreau ? […] Molière se moque impitoyablement de ces prudes, « plus chastes des oreilles que de tout le reste du corps » (ce sont ses expressions), qui jettent les hauts cris au moindre mot scabreux, ce qui prouve chez elle une intelligence dépravée, au lieu de donner une haute opinion de leur pudeur. […] Le livre qu’ils étudient, est le monde ; ils tâtent le pouls de la société aussi fréquemment que celui de leurs malades, afin de savoir comment il faut en user avec les opinions de leurs clients. […] Nos auteurs, faiseurs de pastiches insignifiants, ou bien nous imposant leurs fantaisies, ne savent ou ne veulent pas condenser les opinions populaires ; ils n’animent point un personnage du souffle de plusieurs milliers d’âmes.