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17. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. De l’Etat, de la Fortune, de l’Age, du Rang, du Nom des Personnages. » pp. 39-75

 Elle voulut me tourner à son gré ; Et dans mes bras, Lisette, à peine je l’eus mise, Que de l’ardeur du gain mon ame fut éprise : La chicane m’offrit tous ses détours affreux ; Je me sentis atteint de desirs ruineux : Mais ma vertu pour lors en moi fit un prodige. […] Non, offrez le fauteuil. […] Je vous fais excuse ; Puisque vous me l’offrez, trouvez bon que j’en use, Que je m’étale aussi ; car je suis sans façon, Mon cher, & cela doit vous servir de leçon. […] Qu’on donne dix ans de moins à celui-ci, il cesse d’être ridicule, par conséquent d’être comique ; dix ans de plus à l’héroïne, loin d’être intéressante, elle n’est plus qu’une femme ordinaire, qui, sans savoir ni pourquoi ni comment, & guidée par son seul caprice, donne la préférence à un homme sur un autre : la piece cesse en même temps d’être morale, puisqu’elle n’offre plus le tableau d’un amour mal assorti, & de ses ridicules. […] Il s’offre deux partis, vous les chassez tous deux : Le premier est trop riche, & le second trop gueux.

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