Les brusqueries de Montausier, ce culte exagéré de la vertu, cette rigueur et ces airs stoïques, chez un homme de cour assez, en évidence dans le monde pour frapper les yeux de la foule, composaient un type peu commun, qui n’a pu échapper au regard observateur de Molière. […] Ainsi, un type bien commun dans la société polie du XVIIe siècle, était celui de Philinte, homme aimable, complaisant, peu observateur, ou du moins n’ouvrant les yeux que malgré lui sur les misères humaines, doué d’un flegme utile, d’un esprit facile et accommodant, peu enclin à la satire, une manière d’optimiste, si l’on veut, mais non à la façon de Pangloss, ni des utopies de Jean-Jacques. […] En épousant Armande, dont il nous fait un portrait si gracieux et si piquant dans Lucile du Bourgeois gentilhomme, Armande élevée sous ses yeux et par ses soins, il croyait assurer le bonheur de sa vie, oubliant, lui le profond connaisseur du cœur humain, que la reconnaissance ne tient pas lieu d’amour37. […] Je n’ai plus d’yeux pour ses .défauts, et tout ce que j’ai de raison ne sert .qu’à me faire connaître ma faiblesse sans en pouvoir triompher 38 » N’est-ce pas tout à fait le langage d’Alceste, cette lutte intérieure, forte, incessante, avouée, entre son cœur et sa raison ? […] Voir le portrait d’Armande, dans Le Bourgeois gentilhomme, acte III, scène IX : « Elle a les yeux petits - Cela est vrai, elle a les yeux petits, mais, etc. » Ce portrait dialogué, dit ingénieusement M.