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88. (1824) Notice sur le Tartuffe pp. 91-146

L’occasion était heureuse, et Molière l’avait habilement choisie. […] Une heureuse occasion se présenta, et il la saisit avec une grande habileté ; il n’appartient qu’aux hommes supérieurs de réunir le génie à l’esprit de conduite. […] Ce serait trahir visiblement la cause du ciel dans une occasion où sa gloire est ouvertement attaquée, où la foi est exposée aux insultes d’un bouffon qui fait commerce de ses mystères et en profane la sainteté, qui foudroie et renverse tous les fondements de la religion à la face du Louvre, dans la maison d’un prince chrétien, à la vue de tant de sages magistrats et si zélés pour les intérêts de Dieu, en dérision de tant de bons pasteurs que l’on fait passer pour des Tartuffes ! […] Le commun des hommes qui a toujours un peu d’envie, la médiocrité qui se console de sa faiblesse par l’abaissement du talent qui l’étonne, et auquel elle est incapable d’atteindre, saisirent avidement cette petite occasion offerte à tous les amours-propres humiliés, et la haine des sots fit cause commune avec la fureur impuissante des tartuffes.

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