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18. (1886) Molière, l’homme et le comédien (Revue des deux mondes) pp. 796-834

Peut-être voulait-il, en réalité, l’offrir à ses convives ; Molière, lui, au lieu de se donner en spectacle, entend profiter de celui qu’on lui a promis ; il ne dit mot et raille, à l’occasion, ceux dont il a trompé le petit calcul ; ainsi, dans la Critique de l’École des femmes, par la bouche de la rieuse Élise. […] Malgré tout, il n’y eut entre eux ni brouille ni refroidissement : lorsque Chapelle quittait Paris pour aller passer quelques jours chez des amis de campagne, il envoyait à Molière d’excellents pâtés, fabriqués exprès pour lui ; dans l’occasion, il se montrait sérieux et de bon conseil : c’est à Chapelle que le mari d’Armande confie ses peines ; c’est Chapelle qui décide les deux époux, quelque temps séparés, à reprendre la vie commune. […] Il ne perd jamais une occasion de célébrer l’amour simple et complet, celui qu’inspire la bonne loi naturelle. […] A l’occasion, il imaginait, avant la pièce, d’ingénieuses petites scènes que l’on a souvent imitées depuis. […] Il faisait ou laissait faire deux recueils de ses pièces sans corrections d’aucune sorte, sans profiter de l’occasion pour expliquer sa poétique ou batailler contre ses ennemis, à la façon de Corneille ou de Racine.

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