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129. (1900) Molière pp. -283

C’est encore Armande qui lui inspire dans le rôle d’Alceste cette peinture de l’amour noble, élevé, et, quant à son objet, fourvoyé, qui ne peut éviter par moments une teinte de ridicule, qui est comme l’empreinte de l’indigne objet auquel il s’attache. […] Si votre âme les suit, et fuit d’être coquette, Elle sera toujours, comme un lys, blanche et nette ; Mais s’il faut qu’à l’honneur elle fasse un faux bond, Elle deviendra lors noire comme un charbon ; Vous paraîtrez à tous un objet effroyable, Et vous irez un jour, vrai partage du diable, Bouillir dans les enfers à toute éternité : Dont vous veuille garder la céleste bonté. […] Personne ne sondera jamais les profondeurs de l’âme dans ces intuitions, ces visions du génie, dans ce phénomène qui fait qu’un homme qui s’appelle Molière et qui vit en 1666, ne perçoit pas les objets et les choses absolument comme ses contemporains de 1666. […] Là où la raillerie ne se propose d’autre objet et n’atteint d’autre effet que la raillerie même, nous n’avons pas l’esprit dans sa fleur ; une nuance de trop d’humeur chagrine, qui s’y montre, l’altère et nous empêche d’en jouir. […] Quand nous étudions l’histoire, l’éclat des événements politiques laisse notre vue obscurcie pour tout autre objet ; ce n’est que par le rapprochement laborieux de mille anecdotes diverses, par la recherche fatigante du détail, que nous parvenons à nous faire une idée, encore trop vague, de la vie intime d’un peuple.

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