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113. (1914) En lisant Molière : l’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

Ce qui fait une comédie immortelle, c’est l’immortalité de son objet et, par conséquent, l’inutilité de son effort. […] Car si Molière était convaincu que l’homme doit suivre son mouvement naturel, Molière, dans sa vie à lui et c’est-à-dire dans sa vie d’auteur, suivrait son mouvement naturel d’auteur ; il s’abandonnerait à son imagination au lieu de s’assujettir à l’objet, ce qui est une contrainte. […] Mais peut-être, me dira-t-on, le mouvement naturel de Molière était justement de s’assujettir à l’objet. […] Tout cela dit, et l’on voit que je ne m’y suis pas ménagé, pour justifier Molière ou plutôt pour ramener les accusations dont il est l’objet à leur mesure juste, je reconnais qu’il y a un fonds de vérité dans ces incriminations et réquisitoires. […] Tu veux qu’on se lie à demeurer au premier objet qui nous prend, qu’on renonce au monde pour lui et qu’on n’ait plus d’yeux pour personne ?

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