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86. (1886) Molière, l’homme et le comédien (Revue des deux mondes) pp. 796-834

Remarquons, cependant, qu’il y eut chez lui plusieurs La Forest successives, dont l’une, de son vrai nom Louise Lefebvre, mourut en 1668 ; suivant un usage qui n’est pas perdu, lorsqu’il changeait de cuisinière, il donnait à la nouvelle le nom de l’ancienne. […] Lorsqu’il revient à Paris, la jeunesse est passée et une nouvelle existence commence, étonnamment laborieuse, chargée de soucis, tourmentée par les attaques de tout genre, l’ambition, les chagrins intimes. […] Dans l’intervalle de ces deux maladies, il a composé une nouvelle pièce contre l’art menteur et ses adeptes, le Médecin malgré lui, dont la première représentation est du 6 août 1666. […] On peut donc croire qu’en traçant les règles d’une nouvelle diction tragique, Molière, comme il arrive d’habitude aux comédiens, faisait la théorie de son talent et proposait comme modèle les qualités qu’il avait ou croyait avoir. […] Avant d’afficher une pièce nouvelle, il allait la lire dans des cercles choisis, comme Tartuffe chez Ninon de Lenclos, les Femmes savantes chez le cardinal de Retz, et la « location  » en profitait.

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