Il mène de front les affaires et les plaisirs, négocie avec les républicains de Hollande, malmène le Saint-Père, rudoie Philippe IV, soudoie Charles II, et, en même temps, danse et compose des ballets où font merveille sa grande mine et sa belle jambe, et sa noble chevelure flottante, car ce n’est que dans dix ans qu’il désespérera le monde en prenant la perruque. […] Un jour qu’on jouait par ordre, à Versailles, une pièce de Mme de Villedieu, — une aventurière fameuse par ses deux maris bigames et par ses duels, et qui avait été, en un temps, de la troupe même de Molière, — ce jour-là donc, Molière en verve improvisa à la pièce un prologue, où il fit un marquis ridicule qui voulait prendre place sur le théâtre malgré les gardes, — j’ai dit que chez le roi cela n’était pas toléré ; — et il eut une conversation comique avec une actrice qui fit la marquise ridicule, placée au milieu de la noble assemblée. — Quel dommage que ces impromptus n’aient pas été recueillis, comme ces autres fantaisies, aux titres affriolants, le Fagoteux, le Grand Benêt de fils aussi sot que son père, qui sont mentionnées dans le même temps, et où nous eussions surpris l’invention de Molière en déshabillé, et sa muse, comme dit la chanson, un pied chaussé et l’autre nu ! […] Je vous défie de le prendre sur le ton noble. […] peut être du style noble ; ouf, non pas.