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70. (1746) Notices des pièces de Molière (1661-1665) [Histoire du théâtre français, tome IX] pp. -369

Tous ceux qui bien les écoutèrent, Jusques au Ciel les exaltèrent : Leur sage auteur, c’est Pellisson, Des Muses le vrai nourrisson, Que non seulement on estime, Par sa noble et savante rime, Mais pour plusieurs vertus qu’en lui, Chacun reconnaît aujourd’hui, Et surtout étant le modèle, D’un ami solide et fidèle. […] Dans un salon, ou grande salle, De la noble maison royale1, Un ballet fut dansé mardi2, Duquel ici rien je ne dis, Je n’ouïs point la mélodie, Je ne vis point la comédie, ……………………………………… Jeudi3 ma chance fut meilleure, ……………………………………… Je vis bien, et de bout en bout, Ce plaisant ballet qui se pique, De musical, et de musique, Et voici deux mots du sujet. […] Je ne dis rien des huit entrées, Qui méritent d’être admirées, Où princes et grands de la Cour, Et notre roi digne d’amour, En comblant nos cœurs d’allégresses, Font éclater leur noble adresse. […] « Le goût, la finesse du sentiment naturel et de la vraisemblance se trouvent dans l’économie de ce dénouement : les égards du sexe et du rang, la délicatesse du cœur, et toutes les bienséances y sont marquées avec un art que l’on ne peut trop admirer ; ainsi, malgré les difficultés qu’il y avait à surmonter, Molière a rendu ce dénouement excellent, de défectueux qu’il était dans l’original. » « [*]Je ne sais si l’on peut citer une fable dont le fonds soit plus excellent que celui de La Princesse d’Élide : le caractère est beau et noble : les motifs sont naturels et puisés dans le sentiment ; les moyens et les passages, ingénieux et simples ; les degrés des passions sont traités avec toutes les nuances et toute la vraisemblance possible, et l’art y est fin et caché tout ensemble. […] La pièce dont je parle ici, Laquelle a fort bien réussi, Est un sujet noble et splendide, Et c’est La Princesse d’Élide, Qu’elle se nomme proprement, Vous assurant avec serment, Que l’actrice au joli visage*, Qui joue icelui personnage, Le représente au gré de tous, D’un air si charmant et si doux Que la feue aimable Baronne, Actrice si belle et si bonne, Et qui plaisait tant à nos yeux, Jadis ne l’aurait pas fait mieux.

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