En lisant cette remontrance si noble et si pathétique, on éprouve le besoin de s’incliner devant le génie de Molière, aussi apte à rendre le plus beau côté de l’humanité que son côté le plus hideux. […] Par cette illusion, il élève à la hauteur d’un noble sentiment la haine qu’il éprouve contre ceux qui le trahissent, et il trouve dans cette illusion un prétexte qui lui paraît avouable et plausible pour accomplir les projets de vengeance qu’il peut former à cette occasion. […] Mais lorsque l’occasion de présenter un père doué des plus nobles sentiments et de les exprimer à un fils voué à tous les vices s’est présentée, il a bien su en profiter. […] Jeannel adresse à Molière. « Dans l’Avare, dit-il, il y a une invraisemblance qui est une faute : c’est que Valère, présenté à la fin sous les plus nobles couleurs, et montré dès le début comme plein de nobles sentiments, puisse allier cette hauteur d’âme avec le misérable rôle auquel il s’est soumis par choix. » M. […] Quoi que doué de nobles sentiments, l’homme est loin de se trouver toujours sous leur influence.