/ 214
108. (1885) Études sur la vie et les œuvres de Molière pp. -461

Si Molière n’était qu’un esprit, l’âcre satire ne lui coûterait pas : elle serait l’expression naturelle et complète de ce qu’il souffre ; mais c’est un cœur aussi, et comme le fiel ne sort jamais du cœur, on n’en trouve pas dans ses œuvres. […] Sûreté de coup d’œil dans l’analyse, sûreté de main dans la synthèse, Molière avait tout, et ces facultés étaient si bien en lui, qu’il en parlait, sans fausse modestie, comme de choses toutes naturelles, s’étonnant presque de ne pas les retrouver dans les autres. […] Un seul homme ne lui suffisait pas pour ce type de toutes les perversités unies à toutes les élégances, en qui les vices naturels se rencontrent mêlés avec ceux qui sont le produit raffiné d’une Société déjà corrompue. […] L’impatience naturelle de M. le prince de Conti et les présents que fit cette dernière Troupe à madame de Calvimont engagèrent à les retenir. […] Il se sentait embarrassé vis-à-vis de Molière, et, comme il est naturel en pareil cas, il lui faisait porter la peine de sa propre gène.

/ 214