En somme, on peut dire que le sage, ou plutôt l’honnête homme de Molière (car dans cette expression de sage il y a quelque chose d’exceptionnel et d’orgueilleux), l’honnête homme de Molière est l’homme le plus naturel, celui qui use le. mieux de toutes ses facultés pour atteindre au but de la nature humaine ici-bas et ailleurs ; son guide dans cette voie, c’est le bon sens ; son soutien, c’est la conscience. […] À ce sujet, elle suit les conséquences rigoureuses de sa nature divine ; l’esprit qui l’anime est éminemment prudent et moral ; et il n’est pas sans intérêt d’observer que, parmi les moralistes, le plus grand philosophe de l’antiquité et le plus célèbre utopiste du dix-huitième siècle ont été d’une sévérité plus absolue. […] On se dit que ses grandes comédies sont décidément un divertissement moral ; qu’il serait à souhaiter que nos spectacles n’offrissent jamais aux passions populaires que des œuvres de cette nature, sinon de ce mérite ; et qu’après tout il y aurait avantage à ce que notre peuple allât souvent au théâtre de Molière.