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171. (1879) Les comédiennes de Molière pp. 1-179

Préface I Si Montfleury a créé le jeu de la tragédie, Molière a crié le jeu de la comédie ; mais tandis que Montfleury donnait des échasses à l’héroïsme et des ailes aux passions, Molière, génie humain, amoureux de la vérité, faisait parler ses comédiens selon leur nature ou selon la nature du rôle qu’ils jouaient. […] Je sais que la Nature et les dieux avec elle Ne font plus rien de beau que sur votre modèle, Et qu’ils se prisent moins d’avoir bâti les deux, Que d’avoir achevé l’ouvrage de vos yeux : Car, enfin je l’avoue, et dedans ma colère, Malgré moi je le dis, sans dessein de vous plaire, Le soleil ne voit rien dessus ni dessous l’air Qui puisse aucunement vos beautés égaler, Et n’en verra jamais, quoiqu’il tourne le monde, Et que souvent soi-même il se mire dans l’onde. […] La Nature amoureuse, en vous mettant au monde, S’efforça de vous faire ici-bas sans seconde, Et, prodigue, employa ses plus riches trésors À vous former les traits de l’esprit et du corps. […] Des douceurs de la nature On se défend à regret ; Votre pudeur en murmure ; L’Amour vous dit en secret : Faites lan la landeridette, Faites lan la landerida. […] On peut juger que c’était une de ces nonchalantes natures qui vont où va le vent.

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