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123. (1747) Notices des pièces de Molière (1666-1669) [Histoire du théâtre français, tome X] pp. -419

Il peint si bien tous les péchés Que le diable fait faire à toute la nature, Que ceux qui s’en croiront tachés, Les haïront sur sa peinture ; Et qu’ainsi les diables, à cru, N’y gagneront plus un fétu. […] « La nature, qui lui avait été si favorable du côté des talents de l’esprit, lui avait refusé ces dons extérieurs si nécessaires au théâtre, surtout pour les rôles tragiques. […] Il est en effet des tours uniques, dictés par la nature, que le moindre changement dans les mots altère et affaiblit. […] Examinons cependant la nature de cette faute, et voyons si on peut en tirer quelque instruction pour l’art dramatique. Molière a si bien senti la faute qu’on lui reproche qu’il a eu grande attention, dans la seconde scène du premier acte, à donner à Cléante le caractère d’un fils très respectueux, et qui sent parfaitement ce que la nature exige de lui ; mais en même temps il l’a représenté passionné pour une jeune fille, et tremblant que l’extrême avarice de son père ne devienne un obstacle à son mariage.

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