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114. (1884) La Science du cœur humain, ou la Psychologie des sentiments et des passions, d’après les oeuvres de Molière pp. 5-136

Chacun trouve son plaisir où le lui imposent les éléments instinctifs prédominants de son esprit, c’est-à-dire dans les circonstances qui les flattent et qui les satisfont ; aussi chacun cherche-t-il à faire naître ces circonstances. […] Sous cette domination, l’homme se croit parfaitement libre néanmoins, parce que sa volonté, qui est dictée par ses passions et les désirs qu’elles font naître, appartiennent à son moi, à sa personnalité, et ne lui est pas imposée par autrui. […] Rien n’irrite les passionnés comme la contradiction, et de cette irritation naît souvent un besoin de violence que ces passionnés satisfont sur tout objet quelconque auquel ils peuvent s’en prendre, sans risquer de voir leur excès retomber sur eux-mêmes: ils brisent un meuble, ils donnent un coup de pied au chien, ils rudoient un enfant, ils frappent un domestique, et cela sans motif aucun contre l’objet violenté. […] Mais, outre ces anomalies générales dont tous les scélérats sont atteints à des degrés différents, certaines dispositions intellectuelles et instinctives, ainsi que les conditions dans lesquelles ils naissent, créent parmi eux un grand nombre de variétés de scélérats. […] Si le vôtre est propre aux élévations où montent des savants les spéculations, le mien, ma sœur, est pour aller terre à terre, et dans les petits soins son faible se resserre.

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