les gens d’esprit subtilisent sur la piece, jugent ses vers & ses détails : les bonnes gens, qui ne connoissent que Plaute, Térence & Moliere, secouent la tête, ne disent mot, & attendent une révolution heureuse dans la littérature. […] Dès que la toile fut levée, Mademoiselle Silvia, qui jouoit un rôle dans la comédie, & qui vouloit disposer favorablement le parterre en faveur de l’Auteur, se présenta sur la scene, & adressa à l’assemblée les vers suivants : Par de longs compliments on vient pour vous séduire, Et pour mendier des succès : Je n’ai que deux mots à vous dire : L’Auteur est femme, & vous êtes François. […] Tu ne me répetes que ce que j’ai vu dans tant d’autres prologues : je suis las de cette monotonie ; en un mot, je veux du neuf, & si tu n’as pas l’imagination assez fertile pour trouver & pour mettre en œuvre quelque idée heureuse, ingénieuse, délicate, qui me plaise, ne me dis rien du tout : ce long préambule que tu me veux faire essuyer, va m’indisposer contre toi, peut-être à n’en pas revenir..... . . . . . . . . .