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125. (1823) Notices des œuvres de Molière (VII) : L’Avare ; George Dandin ; Monsieur de Pourceaugnac ; Les Amants magnifiques pp. 171-571

Peindre de tels enfants autrement qu’ils ne sont, qu’ils ne peuvent être, c’eût été épargner à leurs tyrans ce qu’il y a de plus propre à les corriger ou du moins à les faire rougir, et leur proposer à eux-mêmes l’inutile modèle d’une vertu impraticable ; c’eût été, en un mot, pécher contre la vérité, sans aucun profit pour la morale. […] Rousseau ne prend-il pas trop à la lettre ce mot imposant de malédiction, et n’abuse-t-il pas du sens terrible qui y est attaché ? […] En un mot, a-t-il bien fait et pou voit-il faire autrement ce qu’il voulait faire ? […] Tous deux avaient eu naguère leurs modèles dans le lieu même où on les voyait figurer : l’un rappelait ce fameux L’Angéli, dont le grand Condé avait fait présent à Louis XIV ; l’autre faisait souvenir de ce non moins fameux Bautru, dont les bons mots facétieux avaient souvent égayé l’enfance du monarque, à la cour de sa mère. […] En l’absence de l’amour naïf et des sentiments naturels, il développa la théorie subtile et quintessenciée de l’amour métaphysique ; à la place des discours énergiquement passionnés, il mit les entretiens fadement polis et spirituels ; aux mots de caractère et de situation, il substitua les phrases fines et recherchées ; aux saillies d’une gaîté vive et franche, les traits d’une plaisanterie froide et forcée.

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