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62. (1820) Notices des œuvres de Molière (V) : L’Amour médecin ; Le Misanthrope ; Le Médecin malgré lui ; Mélicerte ; La Pastorale comique pp. 75-436

La satire, il est vrai, sortait de la bouche de dom Juan, qui ne croit à rien de ce qu’il faut croire, ne respecte rien de ce qu’il faut respecter ; et, bien que son incrédulité, criminelle et absurde sur quelques points, pût être innocente et raisonnable sur d’autres, les médecins et le public hésitèrent peut-être d’abord à penser que l’auteur eût fait, d’un si odieux personnage, l’interprète de ses vrais sentiments, même en une matière qui n’intéresse ni la foi, ni la morale ; mais L’Amour médecin, qui suivit de près Le Festin de Pierre, vint dissiper le doute, et prouver que Molière n’était pas moins impie en médecine que dom Juan. […] L’intrigue, sans doute, n’est ni forte, ni vive, ni très attachante par elle-même ; mais cette sobriété de moyens dramatiques, cette simplicité et cette lenteur dans la marche de l’ouvrage étaient autant de conditions nécessaires : une contexture d’incidents plus serrée et un mouvement de scène plus rapide n’auraient laissé ni espace ni temps pour ces larges développements de satire morale qui sont le véritable sujet de la pièce. […] Ici, nulle intention morale, nulle leçon applicable à la conduite ordinaire de la vie, si ce n’est celle que M. 

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