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53. (1800) Des comiques d’un ordre inférieur dans le siècle de Louis XIV (Lycée, t. II, chap. VII) pp. 294-331

Observons encore combien tout change avec le temps, les circonstances et les personnes, puisque cette mauvaise philosophie de Regnard n’a pas produit le plus petit scandale, et qu’on a imprimé, avec approbation et privilège du roi, cette même pièce où l’on avance que tout est incertain, et que, sur toutes les matières de métaphysique et de morale, Une femme en sait plus que toute la Sorbonne. […] Ce n’est ni la raison supérieure, ni l’excellente morale, ni l’esprit d’observation, ni l’éloquence de style qu’on admire dans le Misanthrope, dans le Tartufe, les Femmes savantes : ses situations sont moins fortes, mais elles sont comiques; et ce qui le caractérise surtout, c’est une gaieté soutenue qui lui est particulière, un fonds inépuisable de saillies, de traits plaisants : il ne fait pas souvent penser, mais il fait toujours rire. […] Le Distrait vaut mieux, puisque du moins il amuse; mais la distraction n’est point un caractère, une habitude morale : c’est un défaut de l’esprit, un vice d’organisation, qui n’est susceptible d’aucun développement, et qui ne peut avoir aucun but d’instruction. […] On peut remarquer que les Français, nation en général plus pensante que les Italiens et les Grecs, sont les seuls qui aient établi la bonne comédie sur une base de philosophie morale.

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