Le don Juan de Tirso de Molina est un athée, et c’est comme tel, qu’il est foudroyé à la fin du drame ; mais Molière, qui en était venu à considérer l’athéisme comme quelque chose de moins odieux que l’hypocrisie, pensa qu’en donnant ce dernier vice à don Juan pour comble de dépravation morale, il le ferait plus digne encore du céleste châtiment ; et c’est donc après ses momeries de fausse dévotion, qu’il lança sur lui la foudre. […] Aussi, fut-elle en cinq actes et d’une grande portée morale, une comédie en prose ne marchait jamais d’égale à égale avec une comédie en vers ; ce n’était toujours, pour les délicats, qu’une farce à grandes proportions ; c’est pour cela, par exemple, que le Turcaret de Lesage, malgré ses cinq actes, fut dans l’origine dédaigneusement qualifié du nom de petite pièce.