Rien n’est plus propre à la comédie que ces sortes de personnages, en qui un principe faux est devenu un travers d’esprit habituel, et qui sont au point d’être dans l’ordre moral ce que les corps contrefaits sont dans l’ordre physique. […] Il attaque une comédie regardée comme une des plus morales dont la scène puisse se vanter, bien sûr que, s’il abat le Misanthrope, ce chef-d’œuvre entraînera tout le reste dans sa chute. […] Cela ne vaut-il pas mieux (même dans les rapports moraux, et en mettant de côté l’effet dramatique) que de nous offrir un modèle presque entièrement idéal! […] Enfin, ne pouvant, par la nature extraordinaire du sujet, y mettre autant de vérité caractéristique et d’idées morales que dans d’autres pièces, il y a semé plus que partout ailleurs les traits ingénieux, l’agrément et les jolis vers. […] La scène où maître Jacques le cuisinier donne Je menu d’un repas à son maître, qui veut l’étrangler dès qu’il en est au rôti, et où maître Jacques le cocher s’attendrit sur les jeûnes de ses chevaux; celle où Valère et Harpagon se parlent sans jamais s’entendre, l’un ne songeant qu’aux beaux yeux de son Elise, et l’autre ne concevant rien aux beaux jeux de sa cassette; celle qui contient l’inventaire des effets vraiment curieux qu’Harpagon veut faire prendre pour de l’argent comptant, et bien d’autres encore, sont d’un comique divertissant, dont il faut assaisonner le comique moral.