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21. (1769) Éloge de Molière pp. 1-35

Toutefois quelques-unes de ces Scènes, admises depuis dans les chefs-d’œuvre de Molière, ramenées à un but moral, et surtout embellies du style d’Horace et de Boileau, montrent avec quel succès le génie peut devenir imitateur. […] Que ne puis-je montrer l’application de ces principes à toutes les Comédies de Molière ! […] Le prodigieux succès des Précieuses, en apprenant à Molière le secret de ses forces, lui montra l’usage qu’il en devait faire. […] Et fera-t-on cet outrage à l’humanité de penser que le vice n’ait besoin que de se montrer pour entraîner tous les cœurs ? […] Je m’entends reprocher de n’avoir point développé l’âme de Molière ; de ne l’avoir point montré toujours sensible et compatissant, assignant aux pauvres un revenu annuel sur ses revenus, immolant aux besoins de sa Troupe les nombreux avantages qu’on lui faisait envisager en quittant le Théâtre, sacrifiant même sa vie à la pitié qu’il eut pour des malheureux, en jouant la Comédie la veille de sa mort.

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