Un tel caractere n’a malheureusement que trop d’originaux ; mais plus malheureusement encore l’Auteur, qui ne pourroit pas toujours montrer au spectateur le masque de son héros, qui seroit obligé de lui en peindre l’intérieur & la fatuité, trouveroit la matiere épuisée par ses prédécesseurs qui n’ont cessé de mettre la fatuité sur la scene. […] Qu’on ne m’accuse pas d’opiniâtreté, en me voyant insister sur les larcins que nous ont fait nos predécesseurs : je le dois pour montrer aux personnes superficielles qu’il est moins facile qu’elles le pensent de faire aujourd’hui une bonne comédie à caractere, & pour engager les Auteurs à se familiariser avec tous les théâtres67 ; non pour les piller, à moins qu’ils ne soient d’une nation étrangere ; mais pour ne pas se rencontrer avec eux, soit dans les traits principaux qu’on veut donner à son héros, soit dans les ressorts qu’on a dessein d’employer pour le corriger ou pour le punir.