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203. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

On comprend donc très facilement que Thomas Corneille ait été appelé à jeter la cendre de sa poésie sur ce feu allumé, qu’il ait été convié à débarrasser ce terrible Don Juan de ses plus hardis paradoxes ; mais au xixe  siècle, en pleine révolution de toutes choses, quand Don Juan s’appelle Robert Macaire, et quand ses plus hardis paradoxes ont été mille fois dépassés, quand le doute, l’ironie, le blasphème, le parjure, débordent de toutes parts dans nos livres et dans nos mœurs, s’en tenir au Don Juan de Thomas Corneille, laisser dans cette ombre funeste un des chefs-d’œuvre de Molière, nous priver de cette grande prose qui rappelle la prose des Provinciales dans son ampleur et dans sa majesté, voilà, certes, ce qui ne saurait se comprendre. — En présence de cette profanation, de cette impertinence et de cet incroyable oubli de tout ce qui est l’art sérieux, on se demandait à quoi donc pouvait servir le Théâtre-Français ?

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