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19. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXVI. Des Caracteres nationaux. » pp. 268-283

Mais nous, François, n’allons pas nous amuser à peindre sur notre théâtre les mœurs ou le caractere d’une nation étrangere. […] Moliere lui-même, au commencement de sa carriere, a suivi le torrent, s’est laissé entraîner par l’usage, & nous a peint les mœurs les plus anciennes, en introduisant dans ses premieres pieces quelques personnages tels que ses Marchands d’Esclaves & ses Filles dans l’esclavage. […] « Or, nous ne pouvons pas reconnoître aussi facilement la nature quand elle paroît revêtue de mœurs, de manieres, d’usages & d’habits étrangers, que lorsqu’elle est mise, pour ainsi dire, à notre façon. […] « Plaute & Térence, dira-t-on, ont mis la scene de la plupart de leurs pieces dans un pays étranger par rapport aux Romains, pour qui ces comédies étoient composées : l’intrigue de leurs pieces suppose les loix & les mœurs grecques. […] Ces Poëtes le firent ; & la comédie, composée dans les mœurs romaines, se divisa même en plusieurs especes : on fit aussi des tragédies dans les mœurs romaines.

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