Qui sait si le Misanthrope serait tout ce qu’il est sans ces longues années de quarantaine que dut subir le Tartufe ? En tous cas le Misanthrope complète le Tartufe. […] Les contemporains de Molière ont pu ne pas le comprendre; mais, aux yeux de la postérité, c’est Le Misanthrope qui donne à Molière l’autorité dont il a besoin. Dans Le Misanthrope Molière renverse de sa propre main l’idole qu’il avait élevée; après avoir morigéné son siècle au nom de l’idéal que ce siècle rêvait, il s’en prend tout à coup à cet idéal lui-même et le met en pièces dans une œuvre d’inspiration qui est devenue son meilleur titre de gloire.