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120. (1843) Le monument de Molière précédé de l’Histoire du monument élevé à Molière par M. Aimé Martin pp. 5-33

Et en effet celui qui sut rendre sensible à une foule grossière, les traits les plus fins de l’esprit, les sentiments les plus délicats du cœur, qui lui fit comprendre, craindre et éviter le ridicule, connaître, aimer et rechercher les convenances ; celui qui épura son goût jusqu’au point de lui rendre familières les sublimes beautés du Tartufe et du Misanthrope, que fit-il autre chose que de former une nation : les délicatesses du goût sont les premiers éléments de la vertu. […] Il souffre, mais toujours son art se développe : Inspiré par ses maux, il fait le Misanthrope 17, Il puise un nouveau feu dans ses transports brûlans ; Son amertume éclate en sublimes élans, Sa verve est incisive : il fronde, il rit, il joue, La mort est dans son cœur, le fard est sur sa joue… L’artiste se surpasse et l’homme disparaît. […] On a longtemps supposé que le duc de Montausier avait inspiré à Molière le caractère du Misanthrope, mais une étude plus approfondie de notre grand poète dramatique a prouvé qu’il s’était peint lui-même dans ce caractère.

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