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152. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE PREMIER. Du Choix d’un Sujet. » pp. 25-38

Pour nous convaincre de cette grande vérité, supposons quelqu’un qui connoisse tout Moliere 6, excepté son Dépit Amoureux ; & mettons sous ses yeux les scenes les plus belles de cette comédie. […] Les deux vieillards s’abordent en tremblant, en se demandant mutuellement pardon, en se priant de n’avoir aucun ressentiment de ce qui s’est passé, & de ne pas faire éclater la chose ; ils se mettent à genoux l’un devant l’autre, & filent le quiproquo le plus plaisant ; mais Albert sort d’un trouble pour tomber dans un plus grand, quand Polidore lui dit que Valere a séduit sa fille Lucile. […] Mettons donc tout notre soin, toute notre étude à chercher un sujet vrai & fécond par lui-même. […] D’après cet oracle, le bel esprit de la société trace le plan, chacun y met quelque détail ; le précepteur de l’enfant de la maison transcrit ce qu’on appelle une piece, & s’admire : les auteurs la jouent ; vous jugez bien qu’ils la trouvent divine, c’est le mot, & digne de paroître sur le Théâtre François. […] J’ai rapporté plusieurs petites tirades de cette piece, parcequ’elles m’ont servi, non seulement à rendre l’extrait de chaque scene plus rapide, mais encore parcequ’elles mettent le Lecteur à portée de juger de la versification de Moliere dans ses premieres pieces, de la comparer dans la suite avec celle de ses dernieres, & d’y remarquer à quel point l’Auteur avoit su châtier son style.

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