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195. (1746) Notices des pièces de Molière (1658-1660) [Histoire du théâtre français, tome VIII] pp. -397

« [*]Molière se trouva, par rapport à la comédie, dans la même situation où était Corneille par rapport à la tragédie ; mais avec cette différence que Corneille, pour réformer la tragédie, n’eut à combattre que les dispositions présentes de l’esprit, ou qu’à les ramener au grand et vraisemblable : et pour y réussir il n’eut besoin que de la première de ses bonnes tragédies, qui dessilla les yeux, et servit du moins à faire distinguer le bon d’avec le médiocre et le mauvais. […]       La troupe des comédiens Que Monsieur avoue être siens, Représentant sur leur théâtre, Une passion assez folâtre, Autrement un sujet plaisant, À rire sans cesse induisant, Par des choses facétieuses, Intitulées Les Précieuses, Ont été si fort visités, Par gens de toutes qualités, Qu’on n’en vit jamais tant ensemble, Que ces jours passés, ce me semble, Dans l’Hôtel du Petit-Bourbon, Pour ce sujet mauvais ou bon, Ce n’est qu’un sujet chimérique, Mais si bouffon, et si comique, Que jamais les pièces Du Ryer, Qui fut si digne de laurier, Jamais l’Œdipe de Corneille, Que l’on tient être une merveille, La Cassandre de Boisrobert, Le Néron de Monsieur Gilbert, Alcibiade, Amalasonte *, Dont la Cour a fait tant de compte, Ni le Fédéric de Boyer, Digne d’un immortel loyer, N’eurent une vogue si grande Tant la pièce sembla friande, À plusieurs, tant sages que fous ; Pour moi, j’y portai trente sous Mais oyant leurs fines paroles, J’en ris pour plus de dix pistoles.

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