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21. (1865) Les femmes dans Molière pp. 3-20

Ce qui montre toute la hauteur et toute la justesse des vues de Molière dans l’opposition qu’il s’est plu à faire de ces deux caractères de femme, c’est l’impression que laissent les scènes si scabreuses du premier et du quatrième acte, où la pédante Armande affecte ces délicatesses quintessenciées à l’endroit du mariage. […] Ah fi… dit Armande à sa sœur à ce seul mot de mariage, Ne concevez-vous point, ce que dès qu’on l’entend, Un tel mot à l’esprit offre de dégoûtant, De quelle étrange image on est par lui blessée. […] Vous ne pouvez aimer que d’une amour grossière, dit-elle à Clitandre, Qu’avec tout l’attirail des nœuds de la matière ; Et pour nourrir les feux que chez vous on produit, Il faut un mariage et tout ce qui s’en suit. […] Quel langage plein de force et de raison elle sait lui tenir pour le détourner d’un mariage aussi odieux que ridicule : Sachez que d’une fille on risque la vertu, Lorsque dans son hymen son goût est combattu ; Et qui donne à sa fille un mari qu’elle hait Est responsable au ciel des fautes qu’elle fait. […] Comme elle sait lui communiquer un peu de son énergie en la plaisantant sur ce projet de mariage qu’elle n’a pas la force de repousser nettement : Monsieur Tartuffe, oh !

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