La Rochefoucauld a dit, dans ses maximes, un mot bien outré, mais qui paraît juste : « Il y a de bons mariages : il n’y en a pas de délicieux. » Le mot est charmant, mais, dans la littérature au moins, il est outré ; il y a des mariages qui sont à la fois bons et délicieux, le mariage de Silvia avec Dorante dans Le Jeu de l’amour et du hasard, le mariage d’Araminte avec son intendant, dans Les Fausses Confidences. […] Paul de Saint-Victor, que Dom Juan est un bien pauvre séducteur, parce qu’il ne séduit jamais qu’en promettant le mariage. […] Bien que, une fois que le mariage est accompli, il s’en forme, comme nous l’avons vu, une idée assez triviale, bien qu’il traite avec beaucoup de légèreté, quelquefois, les rapports du mariage, il y a un fait qui domine tout cela : il a voulu le mariage libre, sincère, au moment où il s’accomplit ; en un mot, il a voulu substituer ou joindre, dans la famille, aux rapports rigoureux d’autorité, des rapports de douceur et de bonne volonté. […] Le mariage une fois accompli, et la vie à deux engagée, c’est ici qu’éclatent tout son art et tout son bon sens, de quelque façon d’ailleurs, — je n’y reviens pas, — qu’il ait envisagé souvent le mariage et les rapports matrimoniaux. […] Il sera curieux de voir comment on envisageait alors et comment on traitait le mariage, le pouvoir paternel, l’obéissance filiale, tout ce qui constitue la famille.