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115. (1705) La vie de M. de Molière pp. 1-314

Molière en formant sa troupe, lia une forte amitié avec la Béjart, qui avant qu’elle le connût, avait eu une petite Fille de Monsieur de Modène, Gentilhomme d’Avignon, avec qui j’ai su, par des témoignages très assurés, que la mère avait contracté un mariage caché. […] Néanmoins, il fallut bien s’apaiser, il n’y avait point de remède ; et la raison fit entendre à la Béjart, que le plus grand bonheur qui pût arriver à sa fille, était d’avoir épousé Molière, qui perdit par ce mariage tout l’agrément que son mérite et sa fortune pouvaient lui procurer, s’il avait été assez Philosophe pour se passer d’une femme. […] Mais le Mariage forcé, qui fut représenté le dernier jour de la Fête du Roi, n’eut pas le même sort chez le Courtisan. […] Son mariage diminua l’amitié que la Béjart avait pour lui auparavant, au lieu de la cimenter : de manière qu’il voyait bien que sa belle-mère ne l’aimait plus, et il s’imaginait que sa femme était prête à le haïr. […] La Cour se plaisait aux spectacles, aux beaux sentiments, de la Princesse d’Élide, des Amants magnifiques, de Psyché ; et ne dédaignait pas de rire à Scapin, au Mariage forcé, à la Comtesse d’Escarbagnas.

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