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23. (1824) Notices des œuvres de Molière (VIII) : Le Bourgeois gentilhomme ; Psyché ; Les Fourberies de Scapin pp. 186-466

Dans ma supposition, leur honneur blessé n’osant se plaindre, leur goût choqué décria hautement un ouvrage où il y avait à la fois de quoi motiver leur courroux et justifier leur dédain ; et ils ne manquèrent véritablement de sincérité que lorsqu’ils répétèrent, en enchérissant, les louanges données par le Roi à une comédie dont ils avaient eu l’imprudence de dire leur avis avant de connaître assez bien celui du maître. […] Mais il n’avait pas cru y manquer en permettant à Molière d’égayer plus d’une fois le public aux dépens de ces jeunes marquis éventés, dont Turlupin était le modèle, et Mascarille, des Précieuses, une copie à peine exagérée. […] Les besoins du gouvernement avaient mis cette taxe sur la vanité française ; et, comme on dit en langage d’économie politique, la matière imposable n’avait pas manqué. […] Du reste, Molière a senti qu’une pièce moderne, fondée sur des aventures et des mœurs particulières à l’antiquité, manquerait trop de vraisemblance, si le lieu de la scène, du moins, ne se prêtait à cette espèce d’anachronisme. […] Ses dupes manquent d’esprit, sans doute ; mais elles ont une passion qui leur en tient lieu : tirer de l’argent de deux avares est peut-être plus difficile que de tromper dix aigrefins.

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