Ni Cléon, après avoir follement dissipé ses biens, ni le comte de Tufière, rougissant de son père malheureux et poussant la vanité jusqu’à le faire passer pour son intendant, ne reçoivent la punition qui leur est due. […] À côté de la perfide Célimène et du malheureux Alceste, égaré par une noble folie, il place le raisonnable Philinte et la douce Éliante. […] L’avarice, pour n’en citer qu’un seul, l’avarice ne saurait être d’un exemple bien dangereux, le mépris qu’on en a est trop universel, et les malheureux qu’elle possède s’en cachent eux-mêmes comme de quelque chose de honteux; car ils n’ignorent pas de quelles épithètes on les flétrit partout. […] Enfin, au dernier acte, lorsqu’Éliante lui accorde sa main, et que le malheureux Alceste, qui se croit trahi de toutes parts, déclare en s’éloignant qu’il va . . . […] Le Misanthrope intéresse parce que, d’abord, en dépit de ses excellentes intentions, dont on lui tient compte, on le voit réellement malheureux, et que ses désirs insensés, son obstination orgueilleuse, pour être fort répréhensibles, n’accusent que son manque de jugement et ne sont, après tout, que les erreurs d’un homme honnête.