Bossuet, jetant l’anathème à Molière, lui a dit : « Malheur à vous qui riez, car vous pleurerez ! […] Au reste, pour le génie de Molière, ce long séjour en province n’a pas été un malheur. […] Son idéal de mariage, au bourgeois de Molière, est placé aussi bas que possible ; s’il lui arrive malheur, aucune souffrance chez lui, d’affection ni de cœur ; il n’a que les souffrances de vanité plate ; s’il se résigne, sa résignation est basse au possible. […] Mais, par malheur, il a si bien trouvé le titre de son livre, et, suivant les procédés ordinaires de son génie, il a si bien adapté dans Arnolphe les paroles à l’homme et l’homme aux principes, que pour peu qu’on eût de prévention contre lui, il n’était pas facile de discerner s’il avait voulu ridiculiser les idées dont se sert Arnolphe, ou bien l’usage qu’il en fait ; et, cette fois, les dévots éclatèrent. […] Est-ce que ce n’est pas une chose bien cruelle pour un homme qui a l’âme bien née, qui a besoin d’estimer tous les hommes, qui voudrait les aimer, que le spectacle de la mêlée de ce monde envisagé précisément par le côté le plus triste, celui qui prête le moins aux illusions, qui ne nous dissimule ni les vices, ni les fautes et les malheurs mérités, ni l’odieux scandale des prospérités injustes et bouffonnes ?