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122. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVIII. » pp. 357-396

On a beau lui peindre les dangers des mariages mal assortis, il n’oppose à tous ces raisonnements très solides, que la promesse qu’on lui a faite de prendre sa fille sans dot. […] Il est singulier que, de tous les Auteurs qui l’ont mise sur la scene, aucun n’ait imaginé d’en retrancher cette malheureuse apostrophe faite au Public, & qui vient si mal à propos lui enlever le plaisir de l’illusion, en l’avertissant qu’il est à la comédie. […] Célio n’a qu’à confesser une inclination qui n’est pas un grand mal entre un commis & la fille de son bourgeois ; mais Valere, marié secrètement à Elise, ne peut que frémir en avouant à un pere offensé un attentat réel contre l’autorité paternelle. […] Quel mal vous saisit tout d’un coup ? […] Enfin Harpagon se montre plus avare qu’Euclion, en exhortant ses domestiques à ne pas frotter les meubles trop fort, crainte de les user ; en conservant assez de sang-froid lorsque son fils se trouve mal, pour songer au remede qui coûtera le moins, & lui conseiller en conséquence d’aller boire un verre d’eau ; en voulant se mettre en dépense pour faire écrire en lettres d’or sur la cheminée de la salle à manger, une sentence qui l’a charmé, Il faut manger pour vivre, & non pas vivre pour manger 41, parcequ’il croit par-là contenir l’avidité de ses convives ; en souhaitant que Valere eût laissé noyer Elise, pourvu qu’il ne l’eût pas volé.

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