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117. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE PREMIER. Part de la Morale dans la Comédie de Molière. » pp. 1-20

Le moraliste, dans les portraits qu’il trace, distingue le bien et le mal pour enseigner à fuir l’un et à rechercher l’autre : l’auteur dramatique les met en contraste lumineux pour exciter les émotions, et s’inquiète médiocrement d’être vrai, pourvu qu’il soit émouvant19. Enfin, qu’est-ce encore une fois que la science du bien et du mal, dans les œuvres d’un comédien qui ne la fonde que sur la crainte du ridicule, c’est-à-dire sur l’amour propre, et qui ne peut guère offrir à sa morale d’autre sanction sensible qu’un miracle, une intervention directe de Dieu20 ou du roi21, venant à point nommé prouver, par leur autorité indiscutable, qu’il ne fait pas bon les braver ? […] Parmi ces types créés par le caprice du génie, les uns sont attrayants et nous séduisent par le charme de leurs actions et de leurs paroles, tandis que d’autres nous paraissent odieux ou ridicules ; et nous sommes trop charmés par le spectacle pour séparer, dans cette affection ou cette répulsion momentanée qu’inspirent ces agréables fantômes, le bien du mal et les défauts des qualités.

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