/ 85
83. (1861) Molière (Corneille, Racine et Molière) pp. 309-514

La pâle est au jasmin en blancheur comparable ; La noire à faire peur, une brune adorable; La maigre a de la taille et de la liberté ; La grasse est, dans son port, pleine de majesté; La malpropre sur soi, de peu d’attraits chargée, Est mise sous le nom de beauté négligée ; La géante paraît une déesse aux yeux ; La naine, un abrégé des merveilles des cieux ; L’orgueilleuse a le cœur digne d’une couronne; La fourbe a de l’esprit; la sotte est toute bonne; La trop grande parleuse est d’agréable humeur; Et la muette garde une honnête pudeur. […] Mais il n’y avait pas beaucoup moins de Trissotin«, qui arrachaient les femmes au foyer domestique pour en faire les prêtresses galantes du faux savoir et du bel esprit; qui, au lieu de les laisser assises auprès du berceau de leur premier né, leur dressaient dans les salons des belles compagnies un trône de clinquants; qui leur proposaient d’échanger la baguette charmante de ce pouvoir de charme et de séduction que la femme exerce dans la famille contre je ne sais qu’elle férule chamarrée de rubans roses et de devises prétentieuses, sceptre sans grâce et sans majesté, que la sottise seule pouvait être fière de porter.

/ 85