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25. (1821) Notices des œuvres de Molière (VI) : Le Tartuffe ; Amphitryon pp. 191-366

Le lendemain de la première représentation qui fut donnée le 5 août 1667, les comédiens reçurent du premier président de Lamoignon la défense de jouer la pièce jusqu’à un nouvel ordre de Sa Majesté. […] Sosie même, Sosie, malgré la bassesse de sa condition et la grossièreté de ses mœurs, comprend cette délicatesse de son maître ; car, lorsqu’un sot et indiscret ami, ébloui de la majesté du dieu et de la magnificence de ses promesses, ouvre la bouche pour complimenter Amphitryon, il la lui ferme par ces paroles pleines de sens et de comique, qui méritent de devenir la règle éternelle des bienséances en toute aventure pareille : … Coupons aux discours, Et que chacun chez soi doucement se retire. […] L’alcade ne voulait pas qu’on le jouât ; mais enfin Sa Majesté consent qu’on le représente. » 2. […] Voici textuellement le passage de la description des Plaisirs de l’Île enchantée : « Le soir, Sa Majesté fit jouer les trois premiers actes d’une comédie, nommée Tartuffe, que le sieur de Molière avait faite contre les hypocrites ; mais, quoiqu’elle eût été trouvée fort divertissante, le Roi connut tant de conformité entre ceux qu’une véritable dévotion met dans le chemin du ciel, et ceux qu’une vaine ostentation des bonnes œuvres n’empêche pas d’en commettre de mauvaises, que son extrême délicatesse pour les choses de la religion ne put souffrir cette ressemblance du vice avec la vertu qui pouvaient être pris l’un pour l’autre ; et, quoiqu’on ne doutât point des bonnes intentions de l’auteur, il la défendit pourtant en public, et se priva soi-même de ce plaisir, pour n’en pas laisser abuser à d’autres, moins capables d’en faire un juste discernement. » Cette citation est tirée de l’édition originale publiée, en 1665, par Ballard, et plusieurs fois réimprimée du vivant de Molière.

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