Presque toujours des courtisanes en étaient l’objet ; presque toujours il était poussé jusqu’aux dernières conséquences ; et le dénouement n’était jamais plus décent que lorsque la prostituée se trouvait être une fille de condition libre, digne de devenir l’épouse du fils de famille dont elle était la maîtresse. […] À côté d’eux figurent, à volonté et comme personnages accessoires, un marchand d’esclaves ou la maîtresse d’un lieu de prostitution, exerçant à découvert leur noble trafic ; le parasite, toujours bouffonnant et toujours affamé ; enfin, le soldat fanfaron, toujours glorieux et toujours battu. […] De ces actes en bonne forme, il résulte que Françoise et Armande sont deux personnes différentes, et que Molière, en épousant Armande, a pris pour femme, non pas la fille, mais la sœur de son ancienne maîtresse. […] Loin de là : malgré l’acte de mariage qui faisait de Françoise une Armande, et d’une fille de Madeleine Béjart une sœur de cette comédienne, tout le monde demeura convaincu que la femme de Molière était la fille de son ancienne maîtresse ; et Grimarest, qui écrivit la vie de Molière presque sous la dictée de Baron, son élève, le rapporte comme un fait positif et incontesté. […] Si l’on ne voit pas que Molière ni sa femme aient démenti le bruit nuisible à tous deux, qui donnait à l’une pour mère l’ancienne maîtresse de l’autre, et allait même jusqu’à donner à celui-ci sa propre fille pour épouse, on n’en doit pas conclure ou qu’ils ne l’ont pas fait, ou qu’ils fussent absolument obligés de le faire.