Ce Prince, grand, magnifique en tout, jusques dans ses jeux, vouloit voir briller dans les fêtes galantes qu’il donnoit à grands frais, tous les talents que ses largesses avoient fixés à sa Cour : aussi quelques-unes des comédies-ballets de Moliere n’ont-elles été composées que pour faire paroître des décorations magnifiques, des machines surprenantes ; que pour amener des morceaux de musique composés par les plus grands Maîtres, & chantés par des voix enchanteresses ; pour donner lieu à des ballets exécutés par les plus belles Dames de la Cour & les Seigneurs les mieux faits. […] Il est sans contredit bien flatteur de contribuer aux plaisirs de son Roi, de son Maître, sur-tout quand il se déclare le protecteur des talents, qu’il encourage les Artistes en applaudissant à ceux qui se distinguent, & en laissant tomber sur eux de ces regards favorables qui font autant d’honneur au protecteur qu’au protégé. […] Moliere voyant par sa propre expérience, ou persuadé par la justesse de son goût, que les pieces faites pour amener des danses, des chants, des machines, des décorations, & analogues à la façon de penser ou à la situation momentanée de quelques personnes, ne pouvoient avoir qu’un succès passager, n’a traité dans ce genre que celles dont son maître ou les circonstances lui indiquoient le sujet. […] Danse de deux Maîtres à danser. […] on m’avouera du moins que les Procureurs, les Sergents y sont amenés de force, & que les Pages, les Curieux, les Maîtres à danser, les Suisses, les Egyptiens, les Sauvages, les Biscayens y sont tout-à-fait déplacés.