La confidence réitérée que fait Horace au jaloux Arnolphe, toujours la duppe, malgré ses précautions, « D’une jeune innocente, & d’un jeune éventé, le caractére inimitable d’Agnès, le jeu des personnages subalternes, tous formés pour elle, le passage promt & naturel de surprise en surprise, sont autant de coups de maître. […] La raillerie fine de Dorine, dans la scéne avec son maître, nous découvre Orgon tout entier, & nous prépare à reconnoître Tartuffe dans le portrait de l’hypocrite, que Cléante oppose à celui du vray dévôt. […] La scéne de Sosie avec elle, n’est point une répétition vicieuse de celle d’Amphitrion avec Alcméne, quoique le maître & le valet ayent également pour objet de s’éclaircir sur la fidélité de leurs femmes. […] Le sens droit de madame Jourdain, la complaisance intéressée de Dorante, la gayeté ingénuë de Nicole, le bon esprit de Lucile, la noble franchise de Cléonte, la subtilité féconde de Covielle, & la burlesque vanité des différens maîtres d’arts & de sciences, jettent encore un nouveau jour sur le caractére de monsieur Jourdain ; il reçoit de tout ce qui l’environne, une nouvelle espéce de ridicule, qui rejaillit sur lui, &, de lui, sur tous les états de la vie. […] Mais il ne se bornoit pas seulement à former ses acteurs ; il entroit dans toutes leurs affaires, soit générales, soit particuliéres, il étoit leur maître & leur camarade, leur ami & leur68 protecteur ; aussi attentif à composer pour eux69 des rôles qui fissent valoir leurs talens, que soigneux d’attirer dans sa troupe des sujets qui pûssent la rendre plus célébre.