Il donnera le premier rang à Corneille s’il met au-dessus de tous les autres mérites la mâle fierté du langage, l’héroïsme, la grandeur et le sublime, même quand il est un peu voisin de l’emphase ; à Racine s’il préfère l’élégance, la passion touchante, la délicatesse un peu raffinée, la molle langueur des sentiments exprimés dans la langue la plus parfaite. […] C’est par ces mérites indéniables qu’il est permis de voir en lui l’expression la plus exacte, l’incarnation de l’esprit français. […] Il s’agit ici d’un fait qui touche au caractère de Molière et au degré d’estime qu’il mérite : on me permettra donc d’y regarder d’un peu près. […] Ainsi, les faits, examinés de près, laissent à Molière tout le mérite de cette belle action, et je ne vois aucune raison solide pour rejeter les conclusions de M. […] Après avoir exposé ce qu’est Alceste à ses yeux, un homme de bien, droit, honnête, mais poussant à l’extrême l’ardeur de la sincérité et le besoin de dire tout ce qu’il pense, portant aux méchants.une haine vigoureuse, mais poursuivant d’une indignation trop chaleureuse certains défauts qui ne méritaient que sa pitié, le biographe ajoute que cette manière d’envisager son sujet fournissait encore au poète « l’occasion de reprendre, avec les ménagements qu’il mérite, un excès qu’on rencontrait alors chez quelques personnes, en bien petit nombre il est vrai, un amour outré de la vérité et une vertu trop rigoureuse ».