/ 159
128. (1882) Molière (Études littéraires, extrait) pp. 384-490

Si la fécondité de l’invention est un des signes du génie dramatique, nul n’a donc possédé plus souverainement cette magie créatrice qui sait communiquer la vie à tout un monde de personnages dont la physionomie est si distincte qu’une fois connus, ils s’imposent définitivement à la mémoire. […] Mais les plus hardis n’en soufflèrent mot : Bussy lui-même, en ses Mémoires, ne risque pas la moindre indiscrétion. […] C’est de la même source que procède l’amusante idée du mémoire fantastique où sont énumérés, « parmi tant de vieux rogatons, un luth de Bologne, un trou-madame, et une peau de lézard, de trois pieds et demi, remplie de foin137 ». […] L’ambition de dominer Sans le prouver par le détail des beautés plaisantes qui sont dans toutes les mémoires, passons en revue les caractères dont le conflit partage une famille en deux camps où se groupent, pour la lutte, des intérêts contraires. […] On en voit des traces non seulement dans les mémoires intimes, mais jusque dans le théâtre de Corneille : Quand les ordres du ciel nous ont faits l’un pour l’autre, Lyse, c’est un amour bientôt fait que le nôtre : Sa main entre les cœurs, par un secret pouvoir, Sème l’intelligence avant que de se voir… (Suite du Menteur, IV.)

/ 159