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155. (1725) Vie de l’auteur (Les Œuvres de Monsieur de Molière) [graphies originales] pp. 8-116

Comme il y avoit long temps qu’on ne joüoit plus que des Piéces serieuses à l’Hôtel de Bourgogne, & qu’on ne parloit plus de petites Comedies, l’invention en parut nouvelle. […] Un Organiste de Troyes nommé Raisin, fortement occupé du desir de gagner de l’argent, fit faire une Epinette à trois claviers, longue à peu près de trois pieds, & large de deux & demi, avec un corps, dont la capacité étoit le double plus grande que celles des Epinettes ordinaires. […] Moliere étoit lui-même embarrassé comment il les rameneroit ; & à la fin fatigué des discours de ses Comediens, il dit à la Du-Parc & à la Bejart qui le tourmentoient le plus, qu’il ne savoit qu’un moyen pour l’emporter sur Scaramouche, & gagner bien de l’argent : que c’étoit d’aller bien loin pour quelque temps, pour s’en revenir comme ce Comedien ; mais il ajoûta qu’il n’étoit ni en pouvoir, ni dans le dessein d’executer ce moyen, qui étoit trop long ; mais qu’elles étoient les maîtresses de s’en servir. […] *Mr. de ** crut se faire un merite auprès de Moliere de défendre le Misanthrope : il fit une longue Lettre qu’il donna à Ribou, pour mettre à la tête de cette Piece. […] repliqua Baron, qui s’étoit donné toute liberté de parler devant Moliere, vous êtes si bons amis, & Monsieur après une si longue absence n’a à la premiere vûë que des contes à vous dire !

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