Ainsi parlent tous ces esprits impatients du joug et de la contrainte ; ainsi se révoltent, à chaque mot qui les presse, ces grands inventeurs de chefs-d’œuvre ; ainsi, les patriotes de la poésie et des beaux-arts, les saltimbanques de la chose écrite, les maladroits, les médiocres, les éreintés, les impuissants, les inconnus, qui voudraient être célèbres en vingt-quatre heures, les esprits fanfarons et stériles, les diseurs de quolibets, de proverbes et d’équivoques, les braves gens qui vivent des lettres ou du théâtre, et qui se figurent qu’ils exercent un métier comme tout autre métier, régulier, patenté, accepté, régi par des lois, par des ordonnances, par des maîtrises, imaginent d’échapper, par l’injure, à cette loi de la critique universelle qui permet à quelques-uns de formuler l’arrêt de la foule, à condition que si la foule se trompe, elle soit blâmée et raillée et censurée à son tour ! […] C’est la loi de l’art d’écrire. […] À peine arrivé, Alceste n’a rien de plus pressé que de s’emporter contre les hommes et contre les lois ; c’est à peu près la même scène que la première scène du Misanthrope, avec cette différence, cependant, qu’Alceste, dans la comédie de Fabre, se met en fureur, à peine arrivé, et sans se donner le temps de dire bonjour à son amie Éliante. […] S’il vous plaît aussi, vous remarquerez la belle tirade d’Éliante : L’amour pour l’ordinaire est peu fait à ces lois.