Quant aux travers et aux vices qui proviennent directement de ces passions, pas plus les exemples de vertu exposés sur la scène que les livres de morale ne les feront disparaître ; ils ne cesseront qu’avec l’humanité elle-même. […] Est-ce dans les livres de morale ? […] Armande, livrée à l’étude de la philosophie, connaît les sages conseils que cette science enseigne ; mais étant blessée dans son amour-propre par son abandon de la part de Clitandre, aussitôt elle se livre contre lui à des injures qui sont on opposition avec les maximes que, un instant auparavant, elle se vantait de posséder, ce qui motive la remontrance suivante de la part de sa sœur Henriette : « Hé ! […] Dans l’espoir d’obtenir le pardon de son mari et d’éviter le courroux de ses parents, elle se livre à des protestations hypocrites de repentir que l’on prendrait facilement pour sincères, tant elles sont grimacées avec habileté. […] Les livres cadrent mal avec le mariage ; et je veux, si jamais on engage ma foi, un mari qui n’ait point d’autre livre que moi, qui ne sache A ne B, n’en déplaise à Madame, et ne soit, en un mot, docteur que pour sa femme. » Cette opinion, quelque burlesque qu’elle soit par l’exagération dont elle est empreinte, représente cependant, abstraction faite de cette exagération, une vérité sur le caractère de la femme.