Quelle époque plus remplie de lâchetés et de haines littéraires, et, quand vivait le roi Louis XIV, se pouvait-on douter de la quantité infinie de bas-bleus troués qui sillonnent nos rues, nos salons borgnes, et nos académies suspectes ? […] Ainsi, vous le voyez, toutes ces tentatives hardies, ces audaces littéraires, ces grandes promesses « je vais changer d’un trait de plume la face du théâtre et du monde ! […] Mais ce que commande la logique littéraire, l’inflexible chronologie le défend. […] Or vous devez savoir d’autant plus de gré à cet indigent bel esprit de cette attentive surveillance sur sa personne, que déjà dans ce xviiie siècle, dont l’effronterie égale le génie, le cynisme des esprits a passé dans les habitudes de la vie littéraire. […] Il a été bien malheureux, bien battu de l’orage, bien pauvre ; il n’appartient à aucune coterie littéraire ou philosophique ; nul ne le prône, car personne ne le craint ; à peine s’il peut aller une fois ou deux, chaque année, causer du théâtre au café Procope ; il ne va au café Procope que lorsqu’il peut payer son écot.